Dans un contexte mondial marqué par des turbulences géopolitiques et financières croissantes, la gestion des réserves d'or se révèle cruciale. En 2023, les banques centrales ont accumulé 1 037 tonnes d'or, affichant ainsi le deuxième volume d'achats annuels le plus élevé, juste derrière le record de 1 082 tonnes de 2022.
Intentions d'achat et motivations
D'après l'enquête de 2024, environ 29 % des banques centrales envisagent d'augmenter leurs réserves d'or au cours des douze prochains mois. Les principales motivations incluent la nécessité de rééquilibrer les réserves à des niveaux stratégiques optimaux, la production nationale d'or et des préoccupations croissantes face aux risques financiers, notamment les crises potentielles et l'inflation galopante.
Contexte géopolitique et macroéconomique
Les tensions géopolitiques persistantes, telles que les conflits au Moyen-Orient, la guerre prolongée en Ukraine et les tensions entre les États-Unis et la Chine, continuent d'influencer les décisions de gestion des réserves. Bien que l'inflation mondiale ait montré des signes de ralentissement, la reprise économique demeure inégale et les vulnérabilités financières restent élevées. Les taux d'intérêt, les pressions inflationnistes et l'instabilité géopolitique restent des facteurs déterminants dans les stratégies des banques centrales.
Perspectives sur le dollar américain et l'or
L'enquête révèle une tendance continue à la baisse de la part du dollar américain dans les réserves globales. En effet, 62 % des répondants anticipent une réduction de la proportion du dollar au cours des cinq prochaines années, cette tendance étant particulièrement marquée parmi les banques des marchés émergents et en développement. Parallèlement, 69 % des répondants estiment que la proportion de l'or dans les réserves mondiales augmentera au cours des cinq prochaines années, une hausse significative par rapport aux 62 % de 2023 et aux 46 % de 2022.
Composition des réserves totales
Raisons de détenir de l'or
Cette année, 83 % des banques centrales détiennent de l'or dans leurs réserves, principalement en raison de son rôle de "valeur refuge à long terme/protection contre l'inflation" (88 %), de ses "performances en période de crise" (82 %), de son efficacité en tant qu'outil de "diversification de portefeuille" (75 %) et de l'absence de risque de défaut (72 %). Ces motivations indiquent une évolution par rapport à l'importance historique de l'or, qui est maintenant vue comme un cinquième critère prioritaire.
Gestion des réserves d'or
La majorité des banques centrales continuent de gérer leurs réserves d'or séparément des autres actifs, bien que cette pratique ait diminué, passant de 83 % à 67 % cette année. Les raisons évoquées pour cette gestion distincte incluent le statut historique de l'or et son rôle stratégique. Les barres de "Good Delivery" de Londres demeurent la référence pour l'or physique, avec une augmentation du nombre de banques cherchant à mettre à niveau leurs réserves selon ces standards.
Stockage et gestion active
Le stockage domestique de l'or a légèrement augmenté, avec 41 % des répondants optant pour cette solution. La Banque d'Angleterre reste cependant le lieu de stockage le plus prisé. L'enquête révèle également une hausse de la gestion active des réserves d'or, atteignant 37 % des banques centrales. L'objectif principal de cette gestion active est d'améliorer les rendements.
Conclusion
L'intérêt des banques centrales pour l'or demeure solide, soutenu par des achats records et des préoccupations persistantes liées aux contextes géopolitique et macroéconomique. Les banques des marchés émergents, en particulier, continuent de voir dans l'or un moyen de se prémunir contre les risques financiers et géopolitiques, tandis que la confiance dans la domination continue du dollar américain s'érode. Dans ce contexte en perpétuelle évolution, la demande d'or par les banques centrales devrait rester forte.